Intervention au Conseil Municipal du 5 juillet

Je vous avais dit Monsieur le Maire, que je souhaitais évoquer en même temps le problème de la forêt communale ainsi que le barrage de Lavalette et le service des eaux, car cela constitue un tout écologique.

Tout d’abord, je rappelle que l’eau de Saint-Etienne est globalement de bonne qualité, comparativement à de nombreuses régions, pour une raison très écologique, à savoir que nous sommes en amont du bassin. De ce fait, les eaux sont plus pures, puisque nous sommes plus proches du haut du bassin et que l’eau se dégrade au fur et à mesure que nous arrivons vers l’embouchure des fleuves. C’est de l’écologie de base.

Il est donc normal qu’en amont du bassin, nous ayons accès à des eaux de meilleure qualité. En revanche, l’exigence pour recéder dans le milieu naturel est plus forte, puisque nous devons rejeter dans un milieu qui doit être de meilleure qualité écologique qu’en aval et que le débit est moins grand.

Nous avons donc des raisons normales qui font que nous devons dépenser plus d’argent sur l’assainissement que sur l’eau potable. C’est le contexte général.

Notre eau vient de deux sources : le barrage de Lavalette et le bassin versant du Furan. Historiquement, c’était deux-tiers Lavalette et un tiers le Furan. Aujourd’hui, c’est moitié-moitié. Donc, les eaux sont mélangées. Or, l’eau de Lavalette est plus polluée que l’eau du Pas-du-Riot, pour des raisons évidentes, à savoir toutes les activités agricoles autour du barrage de Lavalette et les activités de tourisme qui y ont lieu. Pour l’instant, on ne fait pas de voile sur le barrage du Pas-du-Riot, qui est donc davantage protégé.

Nous nous sommes réjouis de la convention sur le tourisme. Il se pose toutefois le problème de la protection du bassin versant dans son ensemble et donc des activités agricoles sur le bassin versant de Lavalette.

Monsieur le Maire, puisque vous allez signer sur place, vous serez donc notre porte-parole. Il serait peut-être intéressant alors d’inciter à commencer à réfléchir au passage à l’agriculture biologique d’un certain nombre d’exploitations qui sont sur le bassin versant.

Comme par hasard, vous avez également une volonté de faire du Bio de proximité au niveau des cantines et autres. Cela peut éventuellement constituer un effet levier politique.

Vous allez me dire que vous n’avez pas réellement d’influence sur les agriculteurs de la Haute-Loire et sur les communes, mais voilà le genre de questions que l’écologie nous conduits à prendre en compte.

J’en viens au dossier n°28 proprement dit, parce que la forêt communale de Saint-Etienne est l’un des grands éléments de protection de notre ressource en eau : elle garantit une meilleure qualité de l’eau du Furan par rapport à celle de Lavalette, ce qui nous permet de diluer et donc d’améliorer la qualité de l’eau. Cette forêt communale est donc l’un des éléments de la protection de notre patrimoine extraordinaire.

Aujourd’hui, vous promettez sur Lavette la double utilité eau potable et tourisme. Nous sommes exactement devant la même question au niveau de la gestion des forêts, avec des forêts « multi-fonctions », à la fois production de bois, protection de la biodiversité, zone de loisirs et d’accès à certains types de loisirs dont on doit savoir qu’ils ne s’excluent pas les uns les autres. C’est donc cet ensemble qu’il faut gérer.

Le dossier de gestion du massif des Grands Bois que vous nous soumettez au vote, prétend en fixer la gestion jusqu’en 2029, ce qui n’est pas négligeable. Nous sommes à grande échelle et à long terme. Vous l’avez négocié avec l’ONF. Or, c’est pratiquement un plan d’exploitation du bois. Il tient très marginalement compte des autres usages.

Je vais donner des exemples, à commencer par la biodiversité. Aujourd’hui, un accord vient d’être signé concernant les zones de sénescence, où l’on n’exploite pas et où l’on fait vieillir du bois car cela nourrit un certain nombre d’espèces. Cet accord, qui vient d’être signé au niveau régional par l’ensemble des propriétaires forestiers privés et les communes forestières, sous l’égide du Préfet de Région, comporte un objectif de 10 % de zones de sénescence.

Nous sommes là sur une forêt de protection, avec 3,8 % de zones de sénescence. Nous sommes donc en dessous de l’engagement pris au niveau régional, y compris par la forêt privée, ce qui pose un problème.

En page 50 du rapport, nous lisons qu’une cartographie des habitats naturels mériterait d’être faite.

Vous nous faites signer un plan de gestion à 2029 en disant qu’il faudrait « peut-être » faire une cartographie des habitats naturels. Effectivement, cela mériterait réellement !

Plus loin, vous dites que l’estimation de la biodiversité et le suivi de l’aspect biodiversité dans cette forêt (le suivi des îlots, les études faune-flore, etc.) s’élève à 2 000 € hors taxes par an. Avec cela, vous aurez effectivement beaucoup de connaissances de ce qui s’y passe ( !?).

En page 58, on nous dit que l’équilibre faune-flore ne pourra se faire qu’avec la reconnaissance du problème au niveau local et donc l’augmentation des attributions du plan de chasse. Je ne comprends pas. Vous voulez dire que la façon de bien gérer la connaissance du milieu revient à augmenter les plans de chasse ? Peut-être, mais la preuve est difficile à apporter.

Enfin, c’est une zone où beaucoup de Stéphanois se promènent, donc la cohabitation avec la chasse n’est pas simple. Mais ce n’est pas à l’accueil du public de dire que nous avons un patrimoine, de faire de l’éducation, d’expliquer aux gens leur connaissance du milieu et de faire de la pédagogie de proximité. Non, l’accueil du public dans ce plan, c’est les gêneurs : on doit contrôler les usagers qui sont devenus ceux qu’il faut éliminer de la zone !

L’esprit de ce plan est donc absolument accablant. D’autant plus que vous avez exclu de la réflexion sur le plan de gestion la FRAPNA, c’est-à-dire que les associations qui sont en charge de l’environnement, qui connaissent les écosystèmes, qui sont capables de vous dire ce que je viens de vous dire, c’est-à-dire de l’écologie de base, sont exclues de la négociation. Elles n’ont pas été consultées. Je sais que vos relations avec la FRAPNA ne sont pas très bonnes. Vous vous apprêtez à arrêter la Maison de la Nature au niveau de Saint-Etienne Métropole. En même temps, vous subventionnez une Maison de l’Ecologie, sur des critères plus politiques que de véritable compétence sur le sujet.

Il y a une réelle dérive et ce dossier en est la preuve. En conclusion, nous voterons contre ce dossier.