La santé au cœur de la ville

Tribune pour la revue de ANACEJ, l’association nationale des conseils d’enfants et de jeunes

Christian Brodhag, Président de la Commission Française du Développement Durable

La liste des grands problèmes d’environnement est longue : l’effet de serre, la diversité biologique, la pollution des eaux, la pollution atmosphérique dans les grandes villes, les conséquences sur la santé des diverses pollutions… En même temps l’extension de la pauvreté sur la planète est préoccupante. Or tous ces problèmes semblent lointains et inaccessibles, leurs solutions pouvant attendre d’être mis en œuvre ailleurs et demain[1]. Rien n’est plus faux, nous devons agir ici et maintenant .

En fait la solution à ces divers problèmes repose sur l’idée de développement durable qui propose de réconcilier l’environnement et le développement économique et social pour préserver les ressources des générations futures. La définition la plus communément admise pour ce développement durable est celle du rapport Brundtland [2].: « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs« . Mais si le diagnostic est global et complexe, concernant souvent le long terme, il convient souvent de soigner le mal par des solutions simples, de court terme et locales. En effet le développement durable c’est l’affaire de chacun et pas seulement celle des chefs d’état.

Beaucoup de ces solutions peuvent être inventées par les citoyens. Diminuer le gaspillage, recycler les déchets, consommer différemment en achetant des produits à label écologique, prendre les transports publics ou encore mieux marcher à pied ou rouler en vélo… toutes ces actions concrètes contribuent au développement durable. C’est tout l’intérêt d’un concours comme « La santé au cœur de la ville » de montrer des propositions concrètes imaginées par les jeunes. Mais il faut qu’elles puissent être mises en œuvre.

L’implication des jeunes dans cette réflexion permet de répondre à une question difficile : comment préserver les intérêts de générations futures qui ne peuvent pas s’exprimer ? Or les jeunes d’aujourd’hui, qui représentent 30% de la population actuelle, sont la première de ces générations futures, et la seule qui puisse s’exprimer même si elle n’a pas encore le droit de vote. C’est pourquoi le chapitre 25 de l’Agenda 21, signé pendant la conférence de Rio en 1992, propose d’associer les enfants et les jeunes aux décisions dans le domaine du développement durable. Bien peu des chefs d’états actuels seront en vie dans 30 ans, ils ont donc tendance à ne décider que pour le court terme de la prochaine élection. Pourtant beaucoup de leurs décisions auront des effets dans 50 ans encore.

C’est pourquoi il ne faut pas cantonner les jeunes à ramasser les papiers gras une journée par an, même si cette implication est nécessaire. Les jeunes doivent aussi pouvoir faire valoir leur opinion sur des décisions plus importantes qui engagent leur avenir.

C’est ce que réclamaient les 15 jeunes[3] qui ont participé au forum Rio + 5, c’est à dire 5 ans après la conférence de Rio : « nous voulons inclure nos opinions dans les forum traitant des sujets comme la responsabilité environnementale et sociale des entreprises, les responsabilités des consommateurs, le rôle de la presse, la globalisation et le commerce mondial, la pauvreté des jeunes et l’éducation, la conscience régionale et d’autres sujets que nos groupes considèrent comme importants »[4].

Il faut donc inventer des méthodes permettant aux jeunes de réfléchir et d’être consultés sur ces questions aussi bien que sur des questions plus locales. Les conseils municipaux des jeunes peuvent y contribuer.

[1]      pour reprendre le titre d’une collection  science fiction.

[2]      Notre Avenir à Tous, rapport de la commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement (commission Brundtland), Les Editions du Fleuve, 1989, traduction française de « Our Common Future » paru en 1987

[3]      parmi 600 délégués ce qu’ils considèrent comme trop peu. Il n’y avait aucun jeune français.

[4]      Rio + 5 Youth declaration, 17 mars 1997, Rio de Janeiro