Gouvernance mondiale

L’attitude des Etats-Unis sur dossier irakien pose le problème des institutions internationales. En s’appuyant le Conseil de Sécurité et la légitimité des Nations-Unies, Jacques Chirac incarne un moment historique, celui où un nombre croissant de pays considère nécessaire de conforter des institutions internationales négociées entre les Etats et refuse l’hégémonisme d’une seule puissance. En face de ce mouvement, qu’elle a d’une certaine façon créé, l’administration Bush considère légitime sa croisade du bien contre le mal et, au passage, son contrôle des ressources pétrolières aptes à nourrir sa boulimie énergétique. Quelle que soit l’issue de ce conflit, cette question de l’organisation des relations internationales est posée.

La guerre et la paix donnent par la simplicité de l’alternative une image faussée du chantier qui est ouvert devant nous. En effet ces questions, qui ont été à l’origine de la création des Nations-Unies, restent dans le domaine réservé des chefs d’Etat. Le Conseil de sécurité peut prendre de façon claire ses décisions et ses sanctions, dans un système de vote assez compréhensible, même pour l’homme de la rue. Tout cela donne une image de simplicité, celle d’un pouvoir réel entre les mains de quelques grands de ce monde.

L’autre institution internationale, qui dispose d’un système de règlement des différents est l’Organisation Mondiale du Commerce. Celle-ci joue le rôle de chien de garde de la libre circulation des marchandises quel qu’en soit le coût social ou environnemental.

Mettre en place des régulations sociales et environnementales mondiales, implique en fait un abandon partiel de souveraineté des Etats au profit d’institutions internationales, abandon auquel se refusent certains pays. La proposition faite, notamment par la France, de constituer une Organisation Mondiale de l’Environnement qui puisse faire contrepoids à l’OMC n’a pas été reprise lors du Sommet de Johannesburg pour le développement durable.

Mais alors que les gouvernements apparaissent souvent paralysés, des initiatives « non gouvernementales » se développent, et sont adoptées largement, avant d’être endossées par les Etats. L’encouragement à la responsabilité et sociale et environnementale des entreprises et leur obligation de rendre compte, par exemple, proposés dans la Déclaration de Johannesburg s’appuient sur l’Initiative de Rapport Global (Global Reporting Initiative). Cette dernière initiative a été lancée en 1997 par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, des entreprises et des associations, c’est-à-dire sur des acteurs non-gouvernementaux.

La complexité et l’enchevêtrement des enjeux font en effet jouer un rôle essentiel à une « diplomatie des réseaux » qui ne se limite pas représentants des Etats. Or dans ce registre, le système des Fondations et des grandes ONG américaines donne à ce pays une capacité d’innovation et d’initiative, dont on ne retrouve pas l’équivalent dans les pays européens.
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