Soutien à l’innovation

Un rapport sur la politique Française d’innovation

Les conclusions du rapport sur les dispositifs de soutien à l’innovation en France de Suzanne Berger, intitulé « Reforms in the French industrial ecosystem » ont été remises à Emmanuel Macron, Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, et Thierry Mandon, Secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le 20 janvier 2016. Ce regard d’une chercheure du MIT est intéressant et remet en cause certains dogmes.

Le crédit impôt recherche qui est central dans le dispositif français de soutien à la recherche développement et l’innovation est considéré comme un moyen de retenir les activités de recherche des grands groupes en France. Ce qui justifie de ne pas le focaliser sur les PME. Or « en Allemagne, il n’existe pas de crédit d’impôt recherche et pourtant les entreprises allemandes trouvent des avantages dans l’écosystème industriel qui les incitent à rester ». C’est donc aussi une question d’écosystème et de relations entre la recherche et le monde économique.

Plus loin dans le rapport Suzanne Berger note des limites dans le rôle du CEA Tech et sa façon de transférer les technologies vers les PME. « il n’est jamais ressorti de ces entretiens que les entreprises suivaient une courbe d’apprentissage entraînant l’acquisition de nouvelles compétences au cours de leur collaboration avec le CEA Tech. ». Or il semble essentiel que le processus de transfert renforce la capacité de l’entreprise en matière d’innovation.

Ces deux éléments renforcent mon engagement et ma conviction qu’il est nécessaire d’aborder cette question sous la forme de systèmes d’innovation, où des acteurs du système coopèrent et échangent informations et connaissances… Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir un réservoir de technologie et de les pousser sur le marché grâce à un financement ad hoc. Il s’agit de mobiliser des systèmes d’innovation plus complexes, pouvant porter aussi des innovations organisationnelles ou des modèles de marché, des technologies frugales et des solutions hybrides, et s’appuyant sur une diversité d’acteurs publics et privés dans une logique d’innovations plus ouvertes.

La dernière des 9 recommandations de Suzanne Berger est sans doute la plus importante : « Mettre les clients au cœur du système de transfert, pas les technologies ».
Il apparait en effet nécessaire de renverser la logique, et s’intéresser aussi aux innovations tirées par le marché et la demande, ou par des objectifs publics et partagés comme ceux du développement durable et des transitions énergétiques et environnementales. Ces systèmes d’innovations plus ouverts peuvent s’appuyer aujourd’hui sur les médias sociaux d’Internet. C’est ce qui m’a poussé à développer www.construction21.org dans le domaine de la ville durable ou www.francophonieinnovation.org pour la coopération avec les pays en développement. C’est dans cet objectif que j’envisage la mise en place à l’Ecole des Mines d’une Chaire d’excellence internationale : sur la formation et le renforcement de capacité pour l’économie verte.