Discours introductif à la Rencontre nationale des TEE

Tout d’abord je tiens à vous accueillir dans ces lieux au nom de Serge Lepeltier qui n’a pas pu être des nôtres mais qui accordera une grande attention aux résultats de cette journée. L’intégration des politiques de l’emploi et de l’environnement est une préoccupation essentielle du développement durable. Comme Délégué Interministériel je me réjouis de voir les résultats d’une coopération fructueuse entre le Ministère de l’Emploi, du travail et de la Cohésion sociale et le Ministère de l’Ecologie et du développement durable.

Cette journée porte sur l’environnement et le développement durable, comme si ces deux termes étaient synonymes, or ce n’est pas le cas. L’environnement est un des piliers essentiels du développement durable, mais il n’est pas le seul, les développements social et économique sont aussi des composantes majeures. Chaque Ministère doit avoir sa mission dans le cadre du développement durable. Le Ministère de l’Ecologie et du développement durable a sa composante écologie, mais la Délégation interministérielle qui représente en grande partie ses compétences dans le domaine du développement durable est en situation interministérielle. D’ailleurs je devrai prochainement faire le tour des ministères pour dynamiser le dispositif. Je l’ai dit à Madame Barbarin, avant de commencer cette réunion, je souhaite mettre le Ministère de l’Emploi, du travail et de la Cohésion sociale en tête de liste.

Le développement durable fait l’objet d’une Stratégie nationale arrêtée en juin 2003. En comptant les plans qui lui sont liés c’est près de 600 mesures qui ont été décidées. Il faut les suivre et rendre compte de leur réalisation. Un rapport d’avancement devrait être prochainement publié et communiqué au Parlement dans le cadre du débat budgétaire.

Le développement durable implique de décloisonner les approches. Il apporte une nouvelle vision sur les trois piliers. La dimension temporelle est essentielle, et les perspectives de long terme entrent dans ce développement durable. On sait que lorsque les baby boomer prendront leur retraite il y aura un trou dans les effectifs. Comment gérer le capital humain et les compétences pour assurer la transition ? C’est une question de développement durable.

Le développement durable c’est aussi une articulation nouvelle entre le global et le local. Certes le changement climatique est un problème mondial, et la signature par les Russes du protocole de Kyoto va relancer le processus, mais les solutions sont locales. Il a été décidé dans la stratégie nationale et le plan climat de relancer les énergies renouvelables. Or le développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie s’appuient sur le territoire et les compétences locales. La diffusion des technologies repose sur les compétences professionnelles.

Le Ministère de l’Ecologie et du développement durable, sa partie écologie, diffuse depuis plusieurs années des informations spécifiques sur le marché de l’emploi environnemental et soutient l’animation et l’évolution des emplois, des métiers et des formations liées à ce secteur. Les statistiques et études de l’IFEN démontrent que l’environnement est une source de créations d’emplois, et que de nouveaux gisements apparaissent dans de nombreux secteurs : au 30 juin 2004, 39.153 jeunes ont été embauchés au niveau national dans la partie environnement du dispositif « Nouveaux services emplois jeunes ». Selon l’IFEN l’environnement représente ainsi 12,4% de l’ensemble des emplois jeunes, hors Education Nationale et Intérieur.

La filière environnement connaît, en effet, depuis plus de dix ans de très nombreux changements. La mise en œuvre de nouvelles normes environnementales notamment européennes, et le développement de nouvelles pratiques recommandées dans la Stratégie Nationale de Développement Durable, obligent les filières à adopter de nouveaux comportements, avec l’acquisition de nouvelles techniques environnementales, de systèmes de management et de compétences professionnelles spécifiques. Les politiques d’aide à l’emploi successives ont, par ailleurs, permis de bénéficier de plus de moyens humains qualifiés pour la mise en œuvre de ces exigences et opportunités environnementales. On conçoit souvent l’environnement comme une contrainte, mais c’est aussi une opportunité pour créer de nouveaux services, de nouvelles activités et donc de nouveaux emplois.

Cette innovation constante du champ de l’environnement obéit aux règles décrites par la sociologie de l’innovation, et notamment le déploiement de réseaux d’innovation. Ces réseaux sont hybrides, c’est-à-dire pour des innovations technologiques ils doivent impliquer des acteurs d’horizons différents : pouvoirs publics, recherche et secteur privé. Ces réseaux doivent permettre d’opérer des traductions de l’innovation dans chacun des contextes, c’est la condition du succès.

Confrontés à la complexité du domaine de l’environnement notamment du fait de la multiplicité des acteurs et de la transversalité des problématiques, les réseaux TEE participent depuis quatre ans à la construction d’une culture commune sur la thématique des métiers et des emplois de l’environnement et du développement durable, en partenariat étroit avec les acteurs de terrain dans huit régions pilotes. Ils opèrent ce travail de traduction.

Cependant, malgré la structuration et le professionnalisme grandissants de la filière environnement, l’action des acteurs et des réseaux ne suffisent pas. Il reste encore à faire reconnaître la filière environnement comme un secteur d’activités socio-économique à part entière, élément stratégique du développement économique et social des territoires. Il est important de développer aussi des modes de financements adaptés aux besoins. Il est enfin nécessaire d’assurer des passerelles pour rapprocher l’offre de formation environnement aux demandes des employeurs qu’ils soient privés ou publics. Le domaine des énergies renouvelables par exemple sera créateur d’emploi si les qualifications le permettent mais aussi si la filière se structure comme les Allemands ont su le faire. Pour cela il faut sans doute lever des obstacles concrets, c’est ce que je m’apprête à faire dans le domaine de l’éolien, qui marque le pas, en réunissant demain une réunion inter administrative sur ce thème.

Je ne vais pas vous lire l’ensemble des points qui avaient été préparés pour mon discours, toute cette journée va permettre d’illustrer les actions menées par le réseau TEE, que vous connaissez mieux que moi.

Nous sommes actuellement à un tournant, qui n’est pas toujours facile à prendre, il faut passer de l’expérimentation au déploiement. D’une initiative prise dans 8 Régions il faut aller vers une généralisation du dispositif. C’est une condition pour que l’environnement contribue de façon plus importante encore au développement économique et social.

Source : http://www.ecologie.gouv.fr/article.php3?id_article=3822